Après plus de 15h de vol cumulé, nous atteignons notre dernier continent : l’Afrique. En arrivant à Johannesburg, nous perdons près de 20° et surtout il pleut! Nous n’avons plus l’habitude, de cette pluie qui tombe toute la journée sous un ciel gris. Pluie tropicale ou orageuse, d’accord. Mais pluie française automnale, noooon. Johannesburg est considéré comme une des villes les plus dangereuses au monde. Les maisons sont surprotégées (alarmes, fil barbelé ou électrifié, chien…) En attendant notre véhicule, nous en profitons pour faire du shopping dans un grand mall à l’américaine jouxtant notre résidence. Nous achetons des polaires pour les nuits froides, du désert, des jumelles mais aussi du beurre et du jambon, des steak de bœuf et d’autruche. Ce pays est carnivore. Et comme en Argentine, la viande y est excellente à prix dérisoire. Un bon gros steak de bœuf s’achète à 2€ et celui d’autruche à 2.50€.

 

 

L’Afrique du Sud est sans aucun doute un des pays où les inégalités sont les plus fortes. Les townships sont présents à chaque petite ville. Et contrairement à l’Asie où nous étions souvent les seuls à marcher, ici tout le monde marche partout même le long des autoroutes. Enfin, tout le monde non, seulement les noirs... La fin de l’apartheid n’a presque rien changé. Si ce n’est que le pouvoir politique est maintenant aux mains des noirs. Ils sont considérés comme des traîtres par le peuple car leur bonnet de laine prend du volume au détriment du peuple. Ah l’être humain… Ici ou ailleurs il se comporte de la même façon.                                                                                                                                                                                                                              Pour sortir de ce bunker citadin, nous allons récupérer notre véhicule. Un 4x4 avec tente de toit et tout le matériel nécessaire pour le camping. Le plus hasardeux reste la conduite à gauche. Tout est inversé. On début on met les clignotants à la place des essuie glace ou inversement. La manipulation du levier de vitesse, avec la main gauche, cause un peu souci. Mais le plus dangereux reste l’intersection. En effet, le premier véhicule croisé vient de la droite et non de la gauche. Bon après avoir évité un accident tout rentre dans l’ordre et on prend vite ses repères. Maintenant, il va falloir faire attention de ne pas rouler à gauche en France! 

 

 

Après cette prise en main, direction le Kruger NP via le Blyde River Canyon. Le Canyon est le troisième plus grand au monde, après celui du Grand Canyon et du Fish River Canyon en Namibie. Et c’est vrai que plongé dans un épais brouillard et sous une pluie battante, il est grandiose...Tant pis pour cette fois. Nous devons poursuivre vers le Kruger NP en entrant dans le parc, au centre, à Phalaborwa. Ici, il est important de réserver sa place dans le camping. Cela fait 3 mois que nous l’avons fait. A cause de cette fichu météo, nous avons 2 jours devant nous avant notre première nuit. Nous optimisons ce temps en filant vers l’entrée sud pour aller consulter un médecin à Nelspruit. Cela fait 5 jours qu’une excroissance est apparue dans le cou de Laurent. L’Afrique commence plutôt mal. La prise de sang et une échographie révèlent une infection et une inflammation ganglionnaire. Un antibiotique est prescrit. Ouf. On va pouvoir découvrir ce parc.

 

 

Et quel parc, un autre monde!!! Ici, seul les aveugles ne voient pas les animaux, seuls les sourds ne les entendent pas. Cela a néanmoins un prix : 70€ par jour pour nous 4. Oui les parcs sud-africains (et namibiens) se payent à la journée. Comme nous restons 6 jours, on opte pour la «wild card». Son coût : 350€ (70€ pour les résidents sud-africains quelque soit leur nationalité). Mais elle est valable une année et tous les parcs nationaux nous sont ouverts. En comparaison, celle des USA nous a coûté 80€! Une fois à l’intérieur, les paysages vous transportent et les animaux sont au rendez-vous. Un inventaire à la Prévert de ce que nous avons vu : lion, lionne et lionceaux, éléphants et éléphanteaux, rhinocéros noir, buffle, guépards, hyènes, hippopotames, impalas, grand kudu, oryx, zèbres, phacochères, vautours, serpents, crocodiles, tortues… Une arche de Noé. A tel point que les filles disaient au début : Ouah!!! Un zèbre et à la fin : ouais un zèbre. L’opulence et l’habitude ne sont jamais bonnes… Pour ne rien gâcher, les campings sont très bien conçus. Les plus importants ont tous une grande supérette, une station essence, des coins jeux pour les enfants, une cuisine et une piscine. A l’intérieur, c’est nous qui sommes prisonniers par de hautes barrières électrifiées pour nous protéger des attaques nocturnes. Un zoo inversé ! Nous avons tous appréciés cette parenthèse enchantée hors du temps. Un vrai moment de bonheur.

 


 

Après cette parenthèse enchantée, retour à la réalité. La boule de Laurent a grossie. Consultation chez le même médecin. Diagnostique : abcès parodontale. C’est pas possible, j’avais déjà eu çà à la fin du premier voyage! Je sais ce que cela signifie. Une anesthésie générale, 3 jours d’hospitalisation et une quinzaine de jours de soins. Noooon pas maintenant. Le médecin m’envoie chez un chirurgien qui me propose la première option ou une aspiration par seringue avec 50% de chance de réussite. J’opte pour la seconde. Il aspire en deux endroits. Ce qui permettra à l’abcès de fistuliser éventuellement par la suite. Un peu comme une brique de lait. On fait 2 trous pour faciliter l’évacuation. Une demi-heure plus tard, je sors avec un beau pansement et 10 jours d’antibiotiques. Ne pouvant plus me raser, et avec ma barbe grise, je change de look et me rapproche de Dumbledore d’Harry Potter ou du Père Fourrasse! Nous avançons donc au jour le jour et cela nous permettra de tenir au moins jusqu’à l’anniversaire d’Océane. Cela fait 2 mois que nous l’avons préparé. Océane adore les animaux et son cadeau sera inoubliable.

 

 

L’Afrique est le continent des grands félins et quoi de mieux que de lui offrir une promenade en compagnie de...lionceaux. Après avoir fait connaissance avec les parents et les grands frères d’un an, nous partons avec les petits de 3 à 5 mois. D’ailleurs il est préférable de se promener avec les petits, car avec les parents nous avions l’impression d’être une steak bipède. De surcroît les filles que les parents fixées avec insistance. Comme dans la nature ils chassent les proies les faciles : les jeunes et les vieux. Océane a trébuché et toute de suite le lion s’est mis en position d’attaque, prêt à bondir. Seul la barrière électrifiée l’en a empêché... A la fin de la balade où les filles ont pu les observer et les caresser, nous assistons à leur repas. Par chance, il y avait aussi des bébés serval qu’elles ont nourri au biberon. Les filles étaient aux anges. Pour finir en beauté, elles ont porté un boa autour du cou. Pari gagné, cadeau réussi. Un de ceux dont on se souvient toute sa vie. Leurs yeux rieurs ont été notre récompense. 

 

 

Comme nous sommes proche de Pretoria, deux options s’offrent à nous : aller à Santa Lucia sur l’océan indien et descendre la côte via Durban jusqu’à Cape Town (ce qui était prévu au départ) ou tirer une ligne droite jusqu’à Port Elizabeth puis rejoindre Le Cap et nous donner une chance de voir la Namibie. L’abcès a suinté et s’est bien réduit, mais toujours sous antibiotiques (cela va faire 3 semaines) et dans le doute on choisit la seconde solution. On passe tout de même faire un saut au parc du Pilanesberg dans l’espoir de voir un léopard car les big five y sont présents. C’est un parc national proche de Pretoria et Johannesburg. Les paysages sont somptueux, mais les animaux se cachent bien. Quelques impalas, rhinocéros et éléphants seront de la partie.                                                                                                                                                                                         Pour rejoindre la côte, on traverse le Grand Karoo (littéralement «le lieu de la soif»). C’est une région semi-désertique qui s’étend sur un plateau à plus de 1000m d’altitude. Par moment, le lieu ressemble fortement à la pampa que nous avons vu en Patagonie. D’ailleurs, l’élevage de mouton est prédominant. Et, nous vous certifions que l’agneau est excellent. Le Karoo nous a également offert des couchers de soleil à couper le souffle. Parmi les plus beaux que nous ayons vu jusqu’à présent.

 

 

Nous arrivons à Port Elizabeth, que nous traversons, pour rejoindre une réserve où une association s’occupe de protéger des manchots du Cap. Leur nombre a diminué de façon spectaculaire en 20 ans. Les causes sont la pollution marine et la surpêche. D’ailleurs les seuls que nous ayons vus sont dans des bassins au sein de l’association. La visite est essentielle pour soutenir financièrement les bénévoles mais c’est un peu près tout. Il se fait tard et nous décidons d’aller dans un camping à côté. Les terrains privés offrent rarement des lieux pour cuisiner ou se protéger en cas de pluie, contrairement à ceux des parcs nationaux. Sur la côte, la température est assez fraîche et de la pluie est annoncée. Bref on s’attend à une soirée galère. Par chance, à côté de notre emplacement se trouve un bâtiment en semi-dur. On va pouvoir être protégé. Que nenni! Un gardien sorti de nulle part nous enjoint de quitter les lieux sous prétexte que des clients pouvaient venir. La dalle de béton avec des bâches de camion servant de mur est payant. On négocie. Sur la quarantaine de places, 3 sont prises. Nous sommes en basse saison. Pas moyen de discuter avec lui lorsque, tel un automate, il serine «You pay, you stay». Autre phrase culte de notre voyage après «You know, I know» de notre tuk-tuk en Birmanie. Bon ben «I pay for this night, mais demain I ne stay pas!» Evitez le Pine Lodge de Port Elizabeth. 

 

 

Avant d’emprunter «The Garden Road» vendue comme une des plus routes côtières du pays, nous allons faire un petit tour de Sand Board. Un bon moment de détente que de descendre des dunes de sables comme si nous étions sur une luge. On attaque cette fameuse route des jardins, qui finalement, nous laisse sur notre faim. Exceptés quelques endroits intéressants, avec des estuaires rejoignant l’océan indien, elle est moins charmante que la nationale 1 de Californie que nous avions trouvé sur-vendue. Elle nous a tout de même offert la possibilité de faire un crochet par Knysna, arrêt bien connu des stations de bus français...

 

 

C’est sur cette route que nous irons visiter un lieu qui recueille des singes récupérés dans des zoos ou chez des particuliers afin d’essayer de les réintroduire dans leur milieu naturel. Ils sont en semi-liberté et 11 espèces sont présentes avec entres autres des gibbons, des singes écureuils, des atèles, des vervets… Généralement, il faut se méfier des babouins, toujours prêts à venir voler quelque chose avec de l’agressivité. De nombreux panneaux, à travers le pays, sont là pour informer qu’il est interdit de les nourrir sous peine d’amende. Dans le parc, Inès a appris à ses dépens que les vervets étaient également de sacrés chapardeurs. En un éclair, un des singes s’est accroché à son sac à dos pour lui subtiliser le spray anti-moustiques dans une poche extérieure! Avait-il assez de se faire piquer? Toujours est-il qu’il a fallu l’intervention du guide pour le faire fuir. Le long de cette route chacun s’est spécialisé dans sa «réserve». Les singes côtoient les oiseaux, les reptiles et même des loups (inexistants en Afrique du Sud). Bref tout est bon pour faire du pognon.                                                                                            Dernière halte avant de remonter vers les terres. Une balade à cheval. Les filles étaient bien contentes de pouvoir monter pour une première fois des chevaux (et non des poneys) entre terre et mer. Nous avons même pu faire du trot. Elles veulent maintenant faire de l’équitation en rentrant!

 


 

Nous prenons la direction de Outsdhoorn, le fief de l’autruche. Les élevages y sont nombreux. Nous choisissons une ferme qui propose des visites guidés en français. La visite est intéressante et nous apprenons beaucoup de choses sur cet oiseau incapable de voler. Comme la pie elle est attirée par ce qui brille. C’est donc un excellent détecteur de métaux : dans son gésier on trouve des pièces, des clous, mais aussi des cailloux… Cachez votre monnaie car elle voit à près de 3km et courent à 80 km/h !!! Voulant économiser nos derniers Rand, on se contentera de la nourrir avec du maïs. Les autruchons ressemblent par leur plumage à des porcs-épics en plus doux. Lorsqu’ils tombent de 1m de haut cela fait un grand boum. Maëva l’a expérimenté en le laissant malencontreusement tomber alors qu’il se débattait. Pour finir nous avons pu faire un rodéo en les chevauchant. Grand moment de rigolade. Les virages sont ardus et demandent de l’équilibre. Nous ne pouvions partir sans acheter des œufs d’autruches. Son poids est en moyenne d’1,5kg soit entre 20 et 30 œufs de poule. Bref, on s’est fait une omelette d’une dizaine de personnes pour 5€. Le prix de l’oeuf en France est de 25€! Pour la viande c’est pire. 7€ le kg ici contre environ 40€ en France.

 

 

Pour finir l’Afrique du Sud en beauté nous nous dirigeons vers l’endroit où l’océan indien et atlantique se rencontre. La péninsule du Cap. False Bay est de toute beauté. Les paysages sont magnifiques entre montagne et océan, entrecoupés de «villages» de pêcheurs. Un des plus bel endroit que nous ayons vu dans sa catégorie. Au sud de Simon’s Bay quelques manchots s’ébattent dans un parc national. Mais pour ceux ayant connu la Péninsule de Valdès ou Camarones en Argentine avec ses 500 000 manchots, il est inutile de payer l’entrée du parc à moins d’avoir la Wild Card.  

 

 

Il est temps d’arriver au Cap Bonne Espérance. Très joli, nous ne ressentons pas cette impression de bout du monde vécu au Cap Horn. La faute à sa latitude équivalente à Buenos Aires ou à ses bus régurgitant des touristes chinois. Un peu des deux certainement. Nous aurons au moins eu l’occasion de voir une baleine.

 

 

Nous terminons par l’une des 7 merveilles naturelles du monde : la Table Mountain au Cap. Les autres sont l’Amazonie, la Baie d’Ha Long, les chutes Iguazu (nous avons déjà vu les 3), l’île de Jeju en Corée, l’île de Komodo en Indonésie et la rivière souterraine Puerto Princesa aux Philippines (à voir). L’endroit est magique et mérite une visite, mais nous l’avons trouvé moins splendide que la baie de Rio de Janeiro depuis le Corcovado. Mais 3 sites sur 7 au Brésil était-ce peut-être de trop? A moins que nous devenons trop compliqués?

 

 

Après plus de 5000 km et une dernière traversée d’un désert de 500 km, notre aventure sud-africaine s’achève pour notre dernier pays de ce voyage : la Namibie. Malgré de nombreux aléas climatiques et sanitaires, nous sommes satisfaits de notre séjour. L’apartheid y est toujours présent de façon édulcoré. Les blacks vivent toujours dans les townships et marchent toujours autant au bord des routes. Lorsqu’ils possèdent une voiture c’est une ancienne qui tombe souvent en panne au bord la route. Une classe moyenne noire, avec un revenu moyen de 600€, a néanmoins émergée. A notre avis, ce pays vaut essentiellement pour sa faune, en liberté, que nous voyons essentiellement dans des zoos européens. Pour les paysages nous avons vu au moins aussi charmants, sinon plus beaux ailleurs. Rien d’unique. 3 semaines de vacances sont suffisants pour l’appréhender. L’Afrique du Sud est morte, vive la Namibie.