Petit préambule. Nous avons souvent vu ou entendu des personnes se posant la question si ils devaient boycotter le Myanmar pour ne pas soutenir la répression envers les Rohingyas, les Karens ou les Shans? Vous avez raison de ne pas venir. Nous avons soutenu ce régime à travers nos visas (50$/personne), lors de nos trajets en bus entre les villes et lorsque nous payons certains droit d’entrée. Mise à part cela, nous faisons vivre la population locale à travers nos guesthouses, nos restaurants, nos tuk-tuk… On pourrait utiliser des Resort comme tant d’occidentaux, mais non. Vous avez raison de ne pas venir et de vous extasier devant votre bijou orné d’un rubis ou d’un saphir (90% de la production mondiale de rubis, et à un degré moindre, de saphir proviennent du Myanmar). Vous avez raison de ne pas venir, le Myanmar n’a nul besoin de bobos moralisateurs. Pour cela, la Thaïlande est parfaite!                                                                                                                                                     Après 1h15 de vol, nous arrivons en Birmanie (nous n’aimons pas le nom de Myanmar crée en 1989 par la junte militaire pour effacer la longue colonisation anglaise) à l’aéroport de Rangoun. C’est la première fois que nous voyons un aéroport aussi désert à 12h. En 25 mn, nous passons l’immigration, récupérons les bagages et faisons la douane! La Birmanie en quelques chiffres. Le pays est divisé en 7 régions birmanes et en 7 états correspondant aux 7 grandes minorités ethniques. C’est suffisamment compliqué pour s’y perdre. Le pays est une République depuis 2011 et l’auto-dissolution de la junte militaire (au pouvoir depuis 1962), sauf que 25% des députés sont des militaires non élus et que les principaux porte-feuilles ministériels sont dans leurs escarcelles. Le pays change doucement. 70% de la population relève du domaine agricole. Le salaire de base a été fixé pour les entreprises de plus de 15 salariés à 2,50€ par jour. Les fonctionnaires émargent à 60-70€ mensuel. Un tiers des habitants vivent avec 1€ par jour.

 

 

En sortant de l’aéroport, les chauffeurs de taxi portent le longyi. C’est une étoffe qui, nouée à la taille, se porte en longue jupe. Nous pensions que c’était pour le folklore, mais non. Sur les 25km de route, nous séparant de notre guesthouse au centre de Rangoun, de nombreux birmans, jeunes et moins jeunes portent encore le longyi. Si celui des hommes est sobre, celui des femmes est beaucoup plus travaillé et riche en couleurs. Ce symbole de chasteté met en valeur les birmanes de la plus belle des façons. A des années-lumières, du hijab, du jilbab ou de l’abaya des femmes musulmanes. Elles s’enduisent également le visage de thanaka. C’est une pâte cosmétique utilisée depuis 2000 ans. Elle est obtenue en râpant l’écorce des Rutacées (même famille que les agrumes) sur une pierre avec un peu d’eau. En plus d’adoucir la peau et d’être anti-mycosique, le thanaka est une excellente crème solaire naturelle. Nous l’avons testé et c’est approuvé. Fières et indépendantes, les birmanes sont les femmes les plus élégantes et charmantes que nous ayons vu en Asie. Je peux le dire, Inès est d’accord!

 

 

Nous découvrons une autre particularité birmane. La conduite à droite avec le volant à droite! Pas facile de dépasser dans ces conditions, à moins d’avoir un copilote. Un beau matin, la junte a décidé de la conduite à droite pour se séparer de l’influence coloniale. Et comme tout les véhicules étaient importés de Thaïlande… Maintenant, l’importation des véhicules se fait avec le volant du bon côté, mais très peu circulent. Il faudra de nombreuses années avant que le parc automobile change.                                                                                                                                                                                            Rangoun n’offre pas monts et merveilles aux visiteurs, exceptés des bâtiments coloniaux dont certains sont en très mauvais états, des bouchons énormes et surtout la pagode Shwedagon. C’est un stupa principal d’une centaine de mètres de haut, entouré d’une plus de soixantaine de pagodons. Recouverte de feuilles d’or, elle est également composée de plus 1000 clochettes d’or, de 400 clochettes d’argent, d’une girouette ornée de pierres précieuses et d’une sphère en or incrustée de milliers de diamants et d’une émeraude de 76 carats. Un petit joyau qui enrichit la religion et appauvrit le peuple. C’est le premier centre religieux du pays. Ce lieu contient les reliques de quatre bouddhas, dont 8 cheveux du Bouddha Gautama. C’est ici que nous mesurons l’importance et l’influence du bouddhisme en Birmanie. Les fidèles, en faisant des offrandes ou en lavant des statues, viennent rendre hommage à bouddha, remercier les nats (équivalent des saints dans le christianisme), expier leurs fautes pour améliorer leur karma... L’endroit est vraiment mystique. Est-ce pour cette raison que nous nous sentons en sécurité dans ce pays où les vols et agressions sont rares? C’est ici que nous croiserons nos premières bonzesses. Elles sont rasées et toute de rose vêtues. Comme dans les religions monothéistes, elles sont considérées comme impures. Elles ne peuvent faire l’aumône, elles attendent que les moines leur donne à manger, elles prient pour se réincarner en homme…

 

 

Dans tout Rangoun, nous croisons des vendeurs de noix d’arec ou noix de bétel. Plus de 50% des hommes et 15% chiquent cette feuille de tabac agrémentée de la noix, d’épices et de chaux servant de catalyseur. Les trottoirs sont jonchés de crachat rouge et les dents des birmans offrent un joli sourire orange. La noix d’arec est comparable à la feuille de coca utilisée par les boliviens. Elle est légèrement euphorisante et analgésique. On peut y développer une dépendance. Cancérigène, c’est une véritable catastrophe à venir dans un pays qui dépense moins que le Bangladesh et Haïti dans son système de santé.

 

 

Après avoir déjeuner dans un restaurant tenu par un français où nous nous sommes régalé de filets mignons sauce moutarde et de purée de pommes de terre (ça fait du bien!) on va flâner dans les parcs urbains. Les jeunes amoureux sont nombreux et on y ressent une joie de vivre et une insouciance qui correspond sans doute à l’après guerre en France. Les birmans nous interpellent, pour discuter avec des étrangers, on nous klaxonne pour nous saluer, les filles se font prendre sans arrêt en photos. Une mini émeute a même eu lieu dans une boulangerie. Chacune des serveuses voulant les toucher, les photographier...Nous aimons la Birmanie. Les gens sont d’une extrême gentillesse. C’est le pays du sourire authentique et désintéressé.

 

 

Nous quittons Rangoun pour rejoindre Hpa-An au sud-est. C’est la capitale de l’état Karens. Les paysages sont truffés de grottes et de pics karstiques. Pour conforter notre impression de ferveur religieuse, le bus diffuse pendant une heure des mantras bouddhistes. Nous n’avions jamais connu cela auparavant.                                                                                                               La ville de Hpa-An n’offrant guère d’attrait, nous louons les services d’un tuk-tuk à la journée pour visiter les environs. Grottes, pagodes, stupa sont au programme. Il y en a partout. La première grotte est originale. A l’entrée 120 statues de moine se suivent en file indienne portant l’obole, puis vient un double bouddha couché avant d’arriver à un troisième dans la grotte. On se dirige vers la Sadan Cave. Une caverne cathédrale. Les dimensions sont impressionnantes. Un bouddha couché, entre autre, trône au milieu. Ici la grotte se traverse. Comme dans tous les lieux sacrés birmans (temple, pagode, en ruines ou non, grotte…) on se déchausse. La grotte comprend une énorme colonie de chauve-souris. Si on m’avait dit qu’un jour je marcherai sur des fientes pied nus...Nous avons bien essayé de la traverser uniquement sur le pied gauche mais ce n’est pas facile. Après plusieurs centaines de mètres le passage des ténèbres à la lumière est somptueux. On emprunte une pirogue qui nous permet de rejoindre l’entrée à travers les rizières. 

 

 

Troisième lieu insolite : Kyauk Ka Lat Pagoda. C’est le Balanced Rock d’Arches NP façon birmane. Au milieu d’une étendue d’eau, un stupa a été construit sur un rocher en équilibre. Saisissant. Dernière grotte : Kawgun Cave. Encore un bouddha couché à l’intérieur et un autre en mode apaisement à l’entrée. Mais surtout, des milliers de plaques votives en terre cuite dont certaines datent du VIIème siècle.                                                                                                                                                                           A notre demande, on termine par un village Karen, accessible à pied. Nous ne croisons aucun touriste. Le village semble désert. On trouve une femme et les filles aident une habitante à remonter l’eau de son puits. Après discussion, on comprend qu’il y a de l’animation plus loin. Effectivement, tous les enfants et adolescents du village sont occupés à répéter une chorégraphie de danse traditionnelle. On ne passe pas inaperçu. Un vrai moment fort. On rentre à l’hôtel la peau rouge de…poussières avec un tassement des vertèbres après avoir été secoué toute la journée.

 

 

On emprunte un bus local pour rejoindre Hpa An à Mawlamyine, capitale de l’état Mons. Une soixantaine de km qui nous a coûté 0,60€ par personne. C’est pas cher, mais il y fait très chaud et les amortisseurs sont en option. On avait la sensation d’être dans un bateau avec des creux de 2 mètres. Petite boulette des filles : on leur a gentiment demandé de changer de place alors qu’elles s’étaient installées sur des places réservées aux moines à l’avant du bus. Nous avons choisi un hôtel avec un grand jardin pour que les filles puissent s’amuser dehors tranquillement. C’est réussi. Elles ont passé la majorité de leurs temps à l’extérieur où de jeunes jardiniers de 10 à 15 ans leur faisaient la cour !                                                                                               Près de Mawlamyine se trouve un des plus grands bouddha couché au monde. Plus de 180m de long pour 30m de haut. En construction, depuis 30 ans, il n’est fini qu’en apparence. Le musée sur 5 étages retrace la vie de bouddha. Les premiers étages sont presque terminés, les 2 derniers sont délabrés. On déambule, pieds nus, dans un chantier. Le manque de fonds est évident. Un second bouddha commence à lui faire face, alors que le premier n’est pas certain d’être fini un jour. Démesure. 

 

 

On remonte doucement vers Bagan. 6H30 de bus vers Rangoun où nous passerons la nuit, puis 10h de bus le lendemain. Enfin plutôt 11h. En effet, le bus tombe en panne. Nous resterons 1h en bord de route pour que le chauffeur-mécano change la courroie brisée du ventilateur refroidissant le radiateur. En surpression, tout le liquide de refroidissement a fui. Le véhicule, en surchauffe, fumait. Heureusement que nous avions de l’eau minérale pour remplir le radiateur! Lors de cet arrêt impromptu tout le monde va faire une pause miction. Les hommes dans la nature, on a découvert que les birmans faisait la chose accroupi en écartant le longyi, et les femmes dans une cabane, derrière une maison, juste à côté du bus en panne. La petite dame a vue ses toilettes privées, transformées en un instant, en toilettes publiques!

 

 

Bagan. Un vaste site archéologique de 50 km². Temples, stupas et pagodes s’y succèdent. Elle est surnommée la vallée aux 2000 temples, auxquels s’ajoutent 800 en ruines. Au XIIIème siècle, il y en avait plus de 4000! Avant il y avait une forêt, mais tout a été coupé pour alimenter les fours servant à la fabrication des millions de briques nécessaires. Bagan n’est pas inscrit à l’UNESCO car la junte a construit une tour d’observation horrible au milieu du site et a entrepris des travaux de reconstruction et non de restauration grâce aux dons des fidèles.                                                                                                                          Avant d’aller visiter le site, on s’octroie une journée calme après tous ces transports. Direction le musée du Thanaka. Une birmane nous fait une démonstration de préparation de la fameuse pâte miracle. Tout le monde a droit à son application sur le visage. Après séchage, cela tire un peu la peau. Mais les filles sont si contentes que nous achetons un petit pot avec la pâte déjà râpée. Puis nous allons découvrir la fabrication des cheroots. C’est le cigare traditionnel birman. Roulé par les femmes les cigares sont composés de tabac, de pulpe de tamarin et d’épices le tout enroulé dans une feuille de sébestier. Fabriquée par les femmes, fumée par les femmes moins adeptes du bétel. Ce cigare aurait des vertus antipaludéennes car son odeur éloignerait les moustiques. Une femme offrant un cheroot à un homme lui témoigne de ses sentiments. Comme partout en Birmanie, elles sont d’une gentillesse extrême. Et comme, elles fabriquent également des bonbons à la pulpe de tamarin, elles invitent les filles à essayer. Un vrai moment de partage.

 

 

Pour visiter Bagan, on emprunte un petit tuk tuk. Si petit que je suis assis à côté du chauffeur avec une fesse en dehors. Les filles, à l’arrière, sont bien. Notre chauffeur est un photographe invétéré. Il nous arrête partout pour prendre des photos des endroits qu’il apprécie. A force, Maëva et Océane saturent. Et nous aussi! Mais comme il est très sympathique, nous pique-niquons et buvons une bière avec lui. On se marre bien avec ses quelques mots d’anglais «I know, you are OK». De temps en temps c’était «You know, I know, it’s OK»                                                                                                                                                                       Bagan vaut essentiellement par la vue que l’on a depuis une certaine hauteur au coucher ou au lever du soleil. Malheureusement, depuis le tremblement de terre de 2016 et la mort d’une jeune touriste américaine il y a 2 mois, bon nombre de temples sont fermés à la grimpette. Celui où il nous amène offre une vue quelconque. Comme nous n’avons pas les fonds pour nous payer un vol de montgolfière à 300$ par personne, nous retournons le lendemain, en calèche, voir un autre site d’observation. Il n’est pas conforme à nos espérances. On peut dire que Bagan nous a laissé sur notre faim et que le site est très loin de la richesse d’Angkor. Tant au niveau architectural (la majorité des temples sont construits selon le même modèle) qu’environnemental. La jungle reprenant ses droits d’un côté contre une sorte de garrigue. Reste-t-il donc la montgolfière à 300$ par personne pour en profiter pleinement?

 

 

Nous voilà parti pour Mandalay. Seconde ville du pays, elle fût la dernière capitale royale de Birmanie. Maintenant, il y a des chinois, beaucoup de chinois (environ 40%) venu du Yunnan voisin. Ville culturelle et religieuse avec ses innombrables monastères et pagodes. Mais bon, les filles, après 4 mois et demi d’Asie, en ont un peu marre des temples. On arrive à trouver un petit parc d’attraction, avec auto- tamponneuses, rivière sauvage, train fantôme… C’est au grand marché de Zegyo que nous trouvons un pantalon pour mon anniversaire. Pantalon ample en toile pleins de pachydermes pour 1,80€. Je l’essaye dans la rue, au dessus de mon short, sous le regard ahuri des birmans. Pour fêter ça, on va déguster un bon steak-frites. Compliqué au Myanmar de trouver du bœuf. L’animal aide les gens dans les champs, donc il ne finit pas dans l’assiette! D’ailleurs la viande est australienne.

 

 

Mandalay est aussi la «cité d’or». En effet, c’est ici que depuis des siècles, les artisans frappent l’or pour en faire des feuilles d’or plus fines que du papier à cigarettes. Ces feuilles, vendues dans les pagodes, sont utilisées par les fidèles pour s’attirer les bonnes grâces de Bouddha en les apposant sur sa statue. Nous allons visiter une de ces fabriques au savoir-faire ancestral. Le martelage est réalisé par les hommes. Placé entre des feuilles de bambou les rubans d’or sont frappés pendant 1/2 heure à l’aide d’une masse de 3kg, chaque ovale de 6-7 cm de long est coupé en 6 morceaux. Puis chaque morceau est martelé de nouveau pendant 5h. Un travail de titan. Ensuite les femmes prennent le relais pour séparer chaque feuille d’or des feuilles de bambou. Elles les disposent ensuite sur un carré de papier destiné à la vente. Les chutes sont mis dans des fioles avec de l’eau afin de pouvoir boire l’or. Apparemment, c’est bon pour le coeur.

 

 

En fin d’après-midi, nous empruntons un taxi vers Amarapura, situé à une dizaine de kilomètres de la ville. Ici se trouve le plus long pont piéton en teck au monde. Datant de 1849 et composé de 1060 piliers, il traverse le lac Thaunthaman sur 1,2km. Entre birmans, moines, bonzesses et touristes beaucoup de monde s’y pressent pour voir le coucher du soleil sur le pont. Et il vrai que c’est un moment magique d’assister au spectacle en sirotant une coco. Ce fut un vrai moment de tranche de vies quotidienne.

 

 

Nous quittons Mandalay pour 7h30 de bus vers le Lac Inle. Notre dernière étape birmane avant un retour à Rangoun. Le lac Inle est classé réserve mondiale de biosphère depuis 2015. A 800m d’altitude, il mesure 20km de long et 10km de large. Sa profondeur moyenne est de 2m en saison sèche et 4m en mousson! Mais ce qui fait la particularité de ce lac, ce sont ses habitants : les Inthas (les fils du lac). 80000 âmes regroupées en 17 villages dans des maisons sur pilotis sur le lac. D’abord, ce sont des pêcheurs hors-pair. Debout sur leurs pirogues, ils font avancer leur frêle esquif en ramant avec une jambe! Debout ils visualisent bien le poisson dans l’eau peu profonde du lac avant d’y jeter une nasse. Chaque village a plus ou moins sa spécialité : forgeron, tisserand, joaillier ou agriculteur lacustre.

 

 

Pour nous éloigner de la frénésie touristique au nord du lac, nous avons choisi de résider dans une homestay à l’extrémité sud : Inn Paw Khon, un village de tisserand. Arrivés en fin de matinée, le propriétaire de la homestay nous propose de nous guider dans son village gratuitement. Bien évidemment, nous visitons une fabrique de tissage. Les femmes utilisent le coton, la soie et plus étonnant le lotus! Toutes les 10cm, elles brisent la tige pour en extraire 3 ou 4 microfibres qu’elles roulent et assemblent par la suite. Pour une écharpe il faut 800 tiges de lotus. Ce qui explique son prix : 100$!!! contre 15$ pour celle en coton. Des riches birmans offrent des tuniques complètes aux moines. Bien qu’elles tiennent chaud lorsqu’il fait froid et qu’elles maintiennent au frais lorsqu’il fait chaud nous en garderons un souvenir photographique. 

 

 

Comme tout se fait en bateau, nous en louons un pour voir la partie centrale du lac. Nous faisons une halte au marché de Nan Pan. C’est le plus grand de la région et il a lieu tous les samedis. Par chance nous sommes samedi, et nous pouvons voir un marché assez peu touristique et très authentique. Les Pa O des montagnes (ou Karens noirs) viennent vendre leur production aux Inthas et inversement.                                                                                                                                                                            On continue par une visite d’une fabrique d’argent dans un autre village pas très intéressante. Puis notre batelier nous emmène dans une boutique de souvenirs où se trouvent 3 femmes girafes qui attendent d’être prises en photos. Sentiment de malaise dans ce zoo humain. Il y a un village près de Pekon , plus au sud, de femmes girafes. Mais elles n’ont rien à faire ici. Nous marquons notre désapprobation en ne prenant aucune photo. Prochaine halte la fabrication de cherrots. Les feuilles de sébestier viennent des montagnes, on en produit donc beaucoup dans la région. Les filles s’essayent au roulage des fameux cigares. Il y en a à la menthe, à la banane, au rhum…                                                                                                                     On finit la journée en voguant entre les jardins flottants. Les Inthas ont réussi à créer un jardin sur l’eau en y accumulant algues, jacinthes, végétaux aquatiques sur une hauteur d’un mètre. Le tout recouvert de terre et de boue. Maintenus par des piquets de bambous , ces jardins montent ou descendent. Ils cultivent salades, potirons, concombres, haricots et beaucoup de tomates. A tel point que la région est, pendant quelques mois, le producteur de tomates pour le reste du pays.

 

 

Le lendemain, direction le sud et le lac Sankar. Les paysages sont très beaux et beaucoup plus sauvages. Nous faisons une halte dans une poterie artisanale. Tout le monde s’essaye à la fabrication de poteries, mais aucun de nous n’arrivera à atteindre la dextérité de la femme exerçant son art. Les filles repartiront avec les œuvres qu’elles ont réalisés. Après la poterie, la distillerie. L’alcool de riz est distillé à 40° et 60°. Si le premier passe relativement bien, le second ressemble à de l’éthylène.                                                                                                                                                                                                                                         Nous terminons notre journée par la visite du village de Sankar situé sur le lac éponyme. Ancienne capitale royale fondée en 1479, le village, endormi, compte environ 1300 habitants. C’est un endroit surprenant car les stupas sont sur l’eau! L’école est ouverte et nous en profitons pour entrer. Nous avons l’impression que des mantras sont récités. Et pour cause! L’école étatique est en congé pour 3 mois (au Myanmar, les employés ont droit à 1 jour de repos tous les 15 jours!) et l’école bouddhiste emboîte le pas. D’ailleurs, un grand bouddha trône dans la pièce. Les filles sont dubitatives. Nous prenons congés de nos hôtes et effectuons 2 heures de pirogue pour rejoindre notre guesthouse. Le lendemain nous quittons ce lieu hors du temps. Océane est en pleure. C’est passager. Nous savons que les larmes sont plus longues pour ceux qui restent que pour ceux qui partent.

 

 

Il ne reste qu’à prendre le bus qui nous ramènera à Rangoun. 11H de trajet. Pas de chance, il part en retard, et en accumule. Bilan 13h pour faire 600 km. Heureusement comme dernier hôtel birman, nous avons choisi quelque chose de correct. Nous pourrons profiter de la piscine, avec un service 4 étoiles, par une chaleur harassante. Après 2 jours de repos, nous quittons la Birmanie pour notre dernier continent : l’Afrique. Nous ferons une escale à Hong-Kong avant de rejoindre Johannesburg après 16h de vol cumulé.                                                                                                                                                                                                          Nous avons bien fait de quitter l’Asie par la Birmanie. Un des pays les plus authentique que nous ayons connu. En incluant notre premier voyage. Les gens sont, non seulement, d’une gentillesse extrême mais également heureux de partager leur culture et d’en découvrir d’autres. Alors, les bobos, restez chez vous. Pour ceux qui veulent découvrir la Birmanie c’est maintenant! Dans une dizaine d’années, ce pays sera peut-être comparable à la Thaïlande, avec des sourires factices. Une des dernières personnes rencontrées en Birmanie, tenait un Bed and Breakfast à Phuket lors du tsunami. Après avoir aidé à reconstruire, il est parti, dégoûté par les comportements siamois. Définitivement, le pays du sourire est la Birmanie.