LE SUD

SAÏGON, LE MEKONG

 

Saïgon. Un nom qui nous a fait rêver. Quel changement par rapport au nord. Si Hanoï est bien la capitale administrative, Saïgon est la capitale économique. On sent l’influence occidentale et française. Saïgon fut surnommé le «Paris de l’Extrême-Orient». Il y subsiste quelques beaux bâtiments coloniaux : la poste centrale avec une charpente métallique conçue par Gustave Eiffel, la cathédrale Notre-Dame basée sur la grande sœur parisienne construite avec des briques rouges importées de Toulouse, l’opéra est une réplique du Petit Palais… Les voitures sont plus nombreuses et la ville compte la plus grande concentration de scooter au monde. Les rues et les trottoirs sont plus larges qu’à Hanoï et nous pensions, naïvement, pouvoir y déambuler en toute sérénité. Que nenni! Si dans le nord les deux roues se stationnaient sur les étroits trottoirs nous obligeant à marcher sur la route, ici les scooter contournent les bouchons en roulant sur les trottoirs!!!                                  Nous allons visiter le musée de la guerre. Il est complètement à charges et anti-américains au possible. On parle du massacre de My Lai et de l’agent orange (les filles sont sorties tant les images de malformations dues à ce défoliant crée par Monsanto sont insoutenables), mais on oublie les 250 morts de Dak Son et les 3000 de Hué lors d’exactions communiste. Ici j’ai vu et compris que l’Histoire est écrite par les vainqueurs et ce quelque soit les régions du monde. Pour alléger l’atmosphère, les filles en profitent pour aller s’amuser aux différents parcs pour enfants de la ville. Cela faisait longtemps. Nous profitons de cette diversité citadine pour manger autre chose que du riz. On teste le burritos et l’enchilada mexicain fourrés de recettes asiatiques. On s’essaye à la pizza vietnamienne. Galette de sésame recouverte d’une feuille de riz et de divers ingrédients. Un régal. Pour terminer, nous profitons de tarifs très corrects pour aller à l’opéra. Les filles ont adoré cette représentation qui conte une légende d’un amour impossible entre un mandarin et une déesse.                                                  Notre premier passage à Saïgon se finit pour rejoindre Don Phu, un village sur le Mékong. Le Mékong, un fleuve de 4500 Km et qui prend sa source en Chine avant de traverser le Myanmar, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam. Nous commençons donc par son embouchure et il sera notre fil rouge ou plutôt brun jusqu’au nord de la Thaîlande. Pour rejoindre le village, nous empruntons d’abord un Uber qui nous ramène à la station de bus. Les gares routières ne sont pas forcément centralisées et beaucoup de compagnie partent de leur office principale. La nôtre, se trouve à 10km du centre. Evidemment, elle est locale et nous sommes les seuls étrangers dedans. Au moment de partir 4 ou 5 paniers en osier bien fermés sont déposés à 1mètre de nous. Le bus démarre, les paniers s’agitent et une magnifique complainte de gallinacés résonne dans le bus. Nous voilà parti bercés entre le chant du coq et la musique traditionnelle vietnamienne au niveau sonore élevé et diffusé simultanément sur écran. A la fin et après 4h de souffrances auditives, collégialement, nous préférons le chant du coq. La route se rétrécit et notre grand bus ne passe plus, nous le troquons pour un mini-van. Les derniers passagers le quittent avant le fleuve. Nous sommes donc les seuls à embarquer sur un petit bateau pour rejoindre notre guesthouse. 5 jours de relatifs isolement s’offre à nous.                                                                                                                             En effet, c’est une île sur un bras du Mékong dans son embouchure. Ici aucune voiture. Le moyen de locomotion est le scooter, le vélo ou les jambes. Notre préférence se portera sur les 2 derniers. Les rives du fleuve sont très fertiles et les vergers sont très nombreux. Les personnes en prennent grand soin. Cela nous permet de déguster de nombreux fruits succulents : mangue, pastèque, banane, fruit du jacquier, pitaya,... Leurs saveurs est bien supérieures aux fruits que nous trouvions en Guadeloupe.                                                                                                                                                                                                    Et puis, il y a le durian. Le roi des fruits. C’est le plus cher au monde, il faut compter 8€ le kilo, mais on ne consomme que 20 à 30% du fruit. On arrive donc facilement à 25€ le kilo pour un fruit qui pue! L’odeur oscille entre un mélange de fromage, d’ail et d’oignon! Sa texture est aussi grasse que l’avocat, sinon plus. Il faut au moins goûter le fruit dix fois pour l’apprécier. Rien d’étonnant lorsqu’il vous laisse une haleine comparable à un baiser de votre aïeul mort depuis Mathusalem. Son odeur s’imprègne au point qu’il est interdit dans les transports ou les hôtels...                                                                                 Sur l’île, les gens sont charmants et heureux de pouvoir rencontrer des étrangers même si la barrière de la langue limite les échanges. Les filles sont souvent palpées affectueusement au visage. Dans un magasin, sans rien acheter, on leur offre un Hand Spinner! Parfois, des fruits nous sont offerts et les écoliers nous interpellent tous avec un amical et souriant «Hello!». Seul ombre au tableau idyllique : l’oie voisine qui nous charge pour protéger ses petits lorsque nous passons à proximité. La guesthouse est bien placée sur le fleuve. Il y a de nombreux jeux pour les enfants et cerise sur le gâteau, une piscine. Le restaurant est sur pilotis et nous mangeons littéralement sur l’eau.                                                                                                            Nous organisons une visite vers le marché flottant de Caï Be. Les commerçants vivent sur leurs bateaux, au milieu du fleuve et non sur la rive, et ne vendent qu’à partir de 10kg. Des perches de 5-6 mètres de haut indiquent ce que chaque bateau vend. Le produit (oignon, pomme de terre, ananas…) est embroché dessus. On débarque pour visiter une entreprise artisanale de feuilles de riz, de bonbons à la coco et de pop rice. Le principe est identique au pop corn mais on utilise du riz à la place du maïs. On y fabrique également de l’alcool de riz dans lequel macère pendant de long mois scorpion ou serpent. Cet alcool de serpent est né au Vietnam et on lui attribue de nombreuses propriétés médicinales. Evidemment le venin est présent mais il est dissout par l’éthanol. Goûteurs dans l’âme, nous avons pu essayer celui où macère plusieurs cobras noirs. C’est surprenant, pas mauvais mais avec un goût difficile à décrire.                                                                                                                   Nous quittons la guesthouse à regret pour rejoindre Saïgon. Le trajet est le même qu’à l’aller sauf qu’il n’y a plus de mini-van mais un scooter pour 3!!! Le conducteur met notre gros sac à ses pieds, les 2 sacs des filles par dessus. Une fille calée entre un conducteur et un parent et hop c’est parti pour 10km. Nous arriverons néanmoins indemne.                                                            Pour nos 2 derniers jours au Vietnam, nous avons la chance de pouvoir assister au Gyeongiu World Culture Festival 2017. C’est une manifestation qui a lieu tous les 2 ans en Corée du Sud depuis 1998. C’est la troisième fois qu’elle a lieu hors de Corée après le Cambodge en 2006 et la Turquie en 2013. Nous pouvons assister à divers spectacles traditionnels coréens, mais aussi indonésiens, sri lankais, malaisien… La démonstration de Taekwondo était impressionnante et les filles ont adoré. Il y avait aussi de nombreux stands faisant la promotion de la Corée. Grâce à l’un d’entre eux nous garderons comme souvenir nos prénoms inscrits sur une feuille de lin en écriture traditionnelle coréenne. Nous sommes très content.                  Sur ces 2 jours notre quartier général culinaire est une...boulangerie. Nous l’avons découverte par hasard, et c’est presque comme à la maison. Les viennoiseries sont excellentes, le pain également. Il y a des sandwich et différents en-cas meilleurs les uns que les autres. Et puis il y a la pâtisserie où la ganache a enfin le goût du chocolat. Tout le monde est ravi et avant de prendre le bus vers le Cambodge et Phnom Penh on se prend quelques viennoiseries qui nous tiendront les 6h de trajet.        Le Vietnam est fini. Nous avons découvert un peuple avenant et sympathique dans l’ensemble. Ce sont de grands travailleurs et tout y est parfaitement organisé dans les transports et les hôtels même sans passer par des circuits organisés et en faisant de l’individuel. Le nord est plus asiatique et un poil plus authentique que le sud plus occidentalisé. D’ailleurs les sudistes disent que les nordistes ne savent pas s’amuser et sont austères, alors que le nordiste va trouver le sudiste frivole et ne jurant que par l’argent. Le moment fort restera tout de même la jonque privée sur Lan Ha et Ha Long.                                         C’est un pays qui nous a agréablement surpris de part les rencontres et les paysages. Nous allons vérifier maintenant si les colons français au temps de l’Indochine avaient raison en proclamant : «Le vietnamien sème le riz, les cambodgiens le regardent pousser et le laotien l’écoute.»!

 

LE NORD

HANOÏ, BAIE D'HALONG, TAM COC, SAPA

 

Nous arrivons à Tokyo à 4h30 avec près d’une heure d’avance. L’aéroport de la mégalopole la plus importante du monde avec ses 42 millions d’habitants est désert. Tout est propre, structuré à la japonaise. Les toilettes nécessitent une formation pour les utiliser correctement! Nos deux vols sont opérés par All Nippon Airways et nous ne le regrettons pas. Tout est organisé à la perfection. Le repas est excellent et conséquent, les sièges sont confortables et les hôtesses ont un sourire permanent avec un vrai respect de la clientèle. Ces vols sont de loin les meilleurs que nous ayons effectués. Notre seul regret est de ne pas être resté plus longtemps au Japon. Ce n’est que partie remise.                                                                                                                     Nous arrivons à Hanoï en milieu d’après-midi, mais les filles complètement épuisées s’effondrent à l’hôtel. On sait qu’elles se réveilleront vers 3h du matin. Tant pis, nous ferons comme à Vancouver des devoirs nocturnes. Good Morning Vietnam. Un pays qui a libéralisé son économie fin des années 80 pour se relever des guerres contre les français (Indochine), contre les américains et contre les Khmers pour libérer le Cambodge. A contrario, le Vietnam reste un pays communiste à parti unique et autoritaire. Il n’a pas abandonné son idéal Lénino-Marxiste. Et cela se ressent sur la difficulté qu’ont les habitants à parler de politique par exemple. L’oeil de Moscou est encore présent. Cela doit se ressentir aussi sur les salaires. En effet, la rémunération moyenne est de 3,2 millions de dong (125€). Travailler dans une pharmacie rapporte 7 millions (270€), une secrétaire émargera à 2,5 millions (100€), un cadre supérieure à 15 millions (600€). A mettre en corrélation avec ce que nous payons : nuit d’une chambre familiale en hôtel entre 25 et 35$, Baie d’Halong sur jonque privée 500$ pour 2 jours et 1 nuit , on pouvait faire une randonnée de 2 jours et nuit chez l’habitant à 250$ après négociation. Pour ce prix on s’offre le luxe de dormir sur un matelas au sol chez une minorité ethnique après 12 km de marche par jour dans les rizières! Bref l’argent est là, mais malgré les comités du peuple il ne va pas dans la poche des travailleurs.                                                                                            Nous découvrons Hanoï un dimanche. Et c’est un vrai choc par rapport aux USA. La capitale est une fourmilière. Les klaxons sont incessants. Les scooters sont partout. Sur la route, stationnés sur les trottoirs au milieu des personnes s’y restaurant sur des tabourets en plastiques. Les trottoirs sont étroits et tellement encombrés que la seule alternative pour les piétons reste le côté de la route. Traverser la route est un art. On s’élance, on s’arrête au quart, les scooters passent devant, derrière. Nous sommes cernés. On progresse de petits pas en petit pas jusqu’à trouver l’ouverture pour finir de traverser. On laisse vite tomber nos standards occidentaux et nous appliquons une règle : ne pas hésiter et rester prudent. Attendre reviendrait à prendre racine car personne ne s’arrêtera. Les filles sont horrifiées et nous entendons poindre des «c’est ça l’Asie?». Un temps d’adaptation est nécessaire…                                                                                                                                               Nous arrivons au lac Hoan Kiem. Situé en plein centre, on peut aisément y faire le tour. Comme nous sommes dimanche la circulation a été fermé et nous pouvons y déambuler tranquillement. Après que les filles se soient amusées sur des voitures électriques et que nous ayons mangés nos premiers Banh Cuon (ravioles de riz fourrées au porc et champignons noirs), nous allons voir un spectacle de marionnettes sur l’eau. C’est un spectacle surprenant. Art ancestral qui consiste à reproduire des scènes de la vie quotidienne, en utilisant des marionnettes confectionnées en bois de figuier, sur l’eau. Les marionnettistes ont 3 années de formation avant d’exercer. Les filles ont adoré. Avant de quitter Hanoï, nous faisons un petit tour dans le quartier des 36 corporations. Chaque rue a sa spécialité : cordonniers, ferronniers, bijoutiers... Sur le chemin de l’hôtel nous croisons un coiffeur. Il était prévu d’y aller à notre arrivée. Bien sur, ce n’est pas le coiffeur des stars de Beverly Hills, mais en 20 minutes chrono nous sommes sortis tous les 4 avec les cheveux coupés pour 11,50€ et sans rendez-vous. Exactement ce que nous recherchions.                                                                                                                                        Allégé on rejoint Cat Ba. C’est d’ici que nous prendrons une jonque privée pour naviguer sur la baie d’Halong et de Lan Ha. La baie d’Halong a été scindé en deux par le gouvernement pour créer les deux baies. Elles sont identiques pour les pics karstiques, même si les grottes sont peut-être plus nombreuses à Halong. Mais les touristes y sont beaucoup, mais beaucoup plus nombreux au départ d’Halong City. Nous privilégions la quiétude et le sentiment d’être seul au monde. Et nous avons bien fait. Lorsque nous arrivons au port de Cat Ba, on découvre que nous allons profiter d’une jonque pouvant accueillir 16 personnes et nous ne sommes que 4! CC, notre guide, a été génial. Présent ou discret, il a joué avec les filles, et elles l’ont adoré. Nous avons fait du kayak et visité une ferme de pêcheurs. Même si elle est gouvernemental et que les pêcheurs sont payés une misère. La nourriture sur le bateau était exquise et variée. A ce moment, nous avons réalisé que nous allons vivre pendant 5 mois comme des princes. En effet, plus aucune tâches ménagères à réaliser, plus de nourritures à préparer. Le retour à la réalité sera compliqué!!!                                                                                                                                              Après avoir visité l’ancien fort de l’île, nous prenons la direction de Tam Coc. L’endroit est considéré comme la baie d’Halong terrestre. Effectivement, les pics karstiques y sont présents, mais moins impressionnants tout de même. On séjournera dans une homestay au bord de la rivière, loin des klaxons. La campagne vietnamienne nous tend les bras et nous profitons des vélos de la homestay pour la découvrir. Les filles sont heureuses de pouvoir en refaire. Bon les vélos sont anciens et celui de Maëva a des sauts de chaînes permanents. Puis l’écrou de la selle se sauve et nous voyons Maëva monter sur un ressort. Joli fou rire. On pédale au milieu des rizières et des pagodes. L’une d’elles, Bich Dong ou les pagodes de Jade, est assez particulière car elle troglodyte. Elle a trois niveaux distincts. Pour rejoindre le troisième, il faut monter une grotte à l’aveugle pour déboucher de l’autre côté en pleine lumière. Partir de la lumière, traverser l’obscurité, rejoindre la lumière. Tout un symbole. Par très loin, il y a Hang Mua, une grotte sans réelle intérêt mais avec une belle montée de 500 marches sur un pic karstique. Au sommet, il y a un pagodon et un dragon couché. Au Vietnam, le dragon symbolise la pluie, l’empereur et le yang principe de vie et croissance. De là-haut, après avoir eu le souffle coupé, on profite d’un belvédère à couper le souffle. Vue magnifique sur les pics karstiques de Tam Coc traversés par la rivière Ngo Dong.                                            Après avoir surplombée cette rivière, nous allons emprunter une barque pour naviguer dessus. Les rameurs ou rameuses ont une particularité, ils rament avec leurs pieds. Impressionnant de voir la dextérité avec laquelle la barque est manoeuvrée. L’endroit est fréquenté par beaucoup de locaux et les étrangers commencent à affluer. Comme nous logions en bord de rivière, nous savions qu’il fallait absolument être les premiers pour éviter d’être pris dans un flot de barques à la queue leu leu. Mission réussie. Nous profitons du lieu en toute quiétude. Cependant, un système mafieux s’est mis en place. Il faut payer la barque et «l’entrée du site». Admettons. Les locaux peuvent aller à 4 ou 5 sur une barque, alors que les étrangers ne peuvent y aller qu’à 2. Nous ne voulons pas être séparé et tentons de négocier une barque. A notre grande joie la personne accepte, mais nous dit qu’il faut quand même payer la deuxième barque que nous n’utiliserons pas!!! Sur les 660 000 dong (25€) les rameurs ne toucheront qu’une infime partie et demandent expressément des pourboires en fin de balade. Certains jours plus de 200 barques défilaient. Encore une fois où va l’argent? Au comité du peuple certainement.        Dans le nord, Hanoï centralise les transports, nous y passons 2 nuits et nous en profitons pour visiter le mausolée d’Ho Chi Minh et le temple de la littérature. Le secteur du mausolée est un ensemble de bâtiments hétéroclites dans un même lieu agrémenté d'un joli jardin et de l'étang aux carpes. D'abord, il y le mausolée où est embaumé oncle Ho façon Lénine. Considéré comme le fondateur de la nation, il bouta les français hors d’Indochine et mis sur les rails la réunification du pays lors de la guerre du Vietnam. Il est amusant de savoir qu’il voulait être incinéré et que ses cendres soient dispersées au nord et au sud. Le bâtiment rappelle l'architecture froide russe. Imposant avec une large avenue où les chars peuvent parader sans souci. On peut y entrer en file indienne sans s'arrêter, jambes couvertes. Il est interdit de mettre les mains dans les poches, de croiser les bras, de photographier. Derrière il y a le palais présidentiel de style néoclassique et de renaissance italienne. Construit à la demande de Paul Doumer. Le musée d'ethnographie de style moderne fait face à la pagode bouddhiste Mot Cot, à pilier unique. Enfin, la maison sur pilotis construite sur la demande d'oncle Ho est de style traditionnelle. Il n'est possible de visiter les bâtiments que de l'extérieur. Du coup c'est frustrant surtout que les explications sont sommaires au contraire du nombre de militaires. Beaucoup d'endroits sont clôturés. Les gardes veillent au grain. Le culte de la personnalité y est omniprésent. La propagande tourne à plein régime puisque des enfants de 3 ou 4 ans y font des sorties scolaires. Ce n'est pas un incontournable, à moins d'y vouer un culte à l'instar des vietnamiens.                                              Le Temple de la Littérature est un petit bijou remarquablement conservé. Construite à la fin des années 1000 cette université confucéenne fût la première du Vietnam. Les futures élites y furent formées. On y ressent la longue influence chinoise. Les 82 stèles des docteurs, portées par des tortues (symbole de longévité, de force et d’union entre le ciel et la terre) et rédigées en sinogrammes, récompensent les émérites. De nos jours, les étudiants diplômés, perpétuent la tradition en venant se faire photographier.                                                                                                                                                                                   Nous quittons encore une fois Hanoï pour rejoindre Sapa, tout au nord, proche de la frontière chinoise. Nouvelle expérience. Le sleeping bus. On y voyage couché. On peut relever le dossier mais les jambes restent allongées. Il y a 2 étages comme pour les lits superposées. Surprenant au début, le voyage est très confortable. C’est à Sapa que nous avons rendez-vous avec les rizières en terrasse. C’est également ici que se trouve les minorités ethniques. Nous en verrons 2 : les Hmong noir et les Dzao rouge. Il ne s’agit pas de leur couleur de peau, mais de leurs vêtements. Les Hmong ont une histoire compliquée. Chassés de Chine à l’arrivée des Hans pour avoir refuser la sinisation, ils ont été pourchassés, avec une tendance génocidaire pour avoir aidés français et américains. D’ailleurs, ils ont refusé également le communisme. Ils veulent être eux, tout simplement. Il n’est jamais facile de refuser le moule. Comme nous avons refusé de payer, nous irons à leur rencontre en randonnant dans les rizières par nous mêmes.                                                                                                                   La chance est avec nous car nous profitons du soleil alors que la région est très pluvieuse et les chemins deviennent impraticables. Cela n’a pas empêché Océane de se retrouver allongée de tout son long, le nez dans la boue. Nous croisons des enfants revenant de l’école à qui nous demandons notre chemin. Ils ont environ 5km à pied et une bonne heure de marche aller. Lorsque les conditions sont idéales. Sur le retour, Océane, eh oui encore, se retrouve nez à nez avec un long serpent vert. Nous marchions dans une forêt de bambous, était-ce le redouté crotale des bambous? Nous ne saurons pas. Nous allons voir le village de Cat Cat où les Hmong nous montrent leur savoir faire en tissage et broderie. Un spectacle de danse folklorique est organisé et les filles sont invitées à aller sur scène. D’abord intimidées, elles finissent par y monter et en ressortent le sourire aux oreilles. Lors de nos différentes randonnées nous avons trouvé la vue sur les rizières splendides. Avant de quitter Sapa nous allons faire un petit tour au marché ethniques où nous prenons plaisir à discuter avec des dzao rouge. Nous connaîtrons le vrai climat le dernier jour lorsque une chape de brouillard s’abat sur la ville. L’humidité est de 100% et pour ceux qui connaissent la garua au Pérou nous avons affaire aux mêmes conditions. Ce sera journée devoir!           

Il est temps de rejoindre Hanoï une dernière fois où nous attend un avion pour Saïgon rebaptisé en Ho Chi Minh Ville après la victoire du Nord en 1975. Nous avons longuement hésité à passer par le centre en bus. Nous y renonçons car la mousson n’y est pas finie, il y a 1600 km et 36 heures de bus entre les 2 villes, enfin un typhon, la veille de notre arrivée, a dévasté une partie du centre en faisant plus de 100 morts. Pour toutes ces raisons, nous optons pour les 2 heures d’avion qui nous rapprochera du Mékong.